Dani’s Blog

Danielle Voirin Danielle Voirin

The Scream

Revisiting some older self portraits and telling the story from my future self’s perspective. A sort of inventory on the occasion of having spent 20 years in France.

At the time, I judged this photo as not good enough. I didn’t like what I was wearing, I didn’t like the light, or my hair. I’d made it too fast, without thinking about all the details. I tried to re-make it later, but the mask was lost and I never found a replacement. So I accept it as it is. A stepping-stone on the path of self-understanding.

Version français ci-dessous

Revisiting some older self portraits and telling the story from my future self’s perspective. A sort of inventory on the occasion of having spent 20 years in France.

That white plaster mask was everything I was looking for that day, years ago. The discomfort of searching in the pregnant space between idea/feeling, and creating the thing/the art. I hadn’t had any therapy yet, and more parts of myself were hidden from my consciousness than they are today. Playing in front of the camera was the first place they started to come through.

I couldn’t look myself/the camera lens in the eye. Today, looking at this photo, that’s what I see first. I remember trying to look at the camera, and then looking away. Some part of me wanted to scream but the rest of me wouldn’t allow it, so I used a mask.

I could feel my discomfort reflected back at me when I looked directly at the camera. But what was it? And at who? At me? My family? The world? The neighbours? And why was I confronting myself with the camera, that recorded more than I knew I was expressing?

I was trying to express something I didn’t have words for, and was apprehensive about seeing. With a small amount of courage, in my studio as a resident at 59 Rivoli in Paris, I was playing artist and feeling full-on imposter. Summoning inspiration. Using found objects to “test my light.” I couldn’t even say I was making self portraits until it became obvious. I’d say I was just testing the light on myself, before a portrait shoot.

I noticed the theme of voice/ sound/ silence/ auto-censorship was recurring. I continued to show up. There was something inside me pushing back at the creativity that urged to push forward. It was a vicious judge, and I didn’t yet know that I could tell that inner critic, who wanted to keep me safe and static, to get in the friggin back seat. It’s like I was flooring it, trying to get onto the highway in second gear. I can still feel what that was like (and sometimes still is!), that made me want to scream exactly like that plaster face.

At the time, I judged this photo as not good enough. I didn’t like what I was wearing, I didn’t like the light, or my hair. I’d made it too fast, without thinking about all the details. I tried to re-make it later, but the mask was lost and I never found a replacement. So I accept it as it is. A stepping-stone on the path of self-understanding.


Le Cri

Je revisite d’anciens autoportraits et raconte l’histoire depuis la perspective de mon moi du futur. Une sorte d’inventaire, à l’occasion de mes 20 ans passés en France.

Ce masque en plâtre blanc, c’était exactement ce que je cherchais ce jour-là, il y a des années. L’inconfort de la recherche, dans cet espace suspendu entre l’idée ou le ressenti, et la création de l’œuvre. Je n’avais pas encore entamé de thérapie, et plus de parties de moi étaient encore cachées dans l’ombre que ce n’est le cas aujourd’hui. Jouer devant l’appareil photo a été le premier endroit où ces parts de moi ont commencé à émerger.

Je ne pouvais pas me regarder dans les yeux, ni dans le miroir de l’objectif. Aujourd’hui, en revoyant cette photo, c’est la première chose que je remarque. Je me souviens d’avoir essayé de regarder l’appareil, puis d’avoir détourné le regard. Une partie de moi voulait hurler, mais le reste ne le permettait pas. Alors j’ai utilisé un masque.

Je voyais mon malaise reflété quand je regardais l’objectif en face. Mais qu’est-ce que c’était ? Et dirigé vers qui ? Moi ? Ma famille ? Le monde ? Les voisins ? Et pourquoi cette confrontation avec moi-même à travers l’objectif, qui captait plus que ce que je savais exprimer ?

J’essayais de dire quelque chose pour lequel je n’avais pas de mots, et que j’appréhendais de voir. Avec un peu de courage, dans mon atelier à 59 Rivoli à Paris, je jouais à l’artiste, tout en me sentant imposteur·e à fond. J’invoquais l’inspiration. J’utilisais des objets trouvés pour « tester ma lumière ». Je n’osais même pas dire que je faisais des autoportraits, jusqu’à ce que ça devienne évident. Je disais juste que je testais la lumière sur moi, avant un shooting.

Je voyais revenir un thème : voix / son / silence / auto-censure. J’ai continué à revenir, encore et encore. Quelque chose en moi résistait à la créativité qui poussait vers l’avant. C’était un juge féroce, et je ne savais pas encore que je pouvais dire à cette voix intérieure — celle qui voulait me garder en sécurité et immobile — d’aller se mettre à l’arrière, et de ne plus toucher au volant. C’était comme essayer de prendre l’autoroute en seconde. Je ressens encore ce que c’était (et parfois c’est encore le cas !), cette pression qui me donnait envie de hurler, exactement comme ce masque figé.

À l’époque, je trouvais cette photo ratée. Je n’aimais pas ce que je portais, je n’aimais pas la lumière, ni mes cheveux. Je l’avais faite trop vite, sans penser à tous les détails. J’ai essayé de la refaire plus tard, mais le masque était perdu, et je n’en ai jamais retrouvé un pareil. Alors je l’accepte telle qu’elle est. Une pierre sur le chemin de la compréhension de soi.

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